lundi 19 avril 2010

Quand le Canard entache les noms propres


Sce : Le Canard Enchaîné n°4668



Le Canard Enchaîné du mercredi 14 avril 2010, n°4668, nous livre comme à l'habitude une volée de calembours et je note, cette semaine, une propension toute particulière à détourner les noms propres.

"Sarko va en voir des Woerth et des pas mûres !"
attribué aux syndicalistes à propos de la réforme des retraites.

"Ces auteurs qui font Pál figure"
article concernant les livres de personnalités ayant eu une large couverture médiatique et dont les ventes restent pourtant modestes.

"Sarko fait des pieds et des Minc à la télé"
Sur la nomination du prochain président de France Télévisions

"L'Être et le Guéant"
à propos des tergiversations philosophiques de Claude Guéant, lesquelles mériteraient une article complet : "La vérité d'hier n'est peut-être pas la vérité d'aujourd'hui".

"Soudan, Kouchner s'est tu"
concernant l'absence de réaction du ministre face à la situation actuelle du Soudan.

Nul n'est besoin de rappeler ici le fonctionnement du calembour qui rapprochent deux termes dont les significations diffèrent, créant ainsi un décalage humoristique. Le rapprochement se fait par :

- homophonie : Entre deux mots, il faut choisir le moindre. (Paul Valéry) / mots pour maux.
- paronymie : C'est beau mais c'est twist ! (Jean-Paul Grousset) / twist pour triste.
- syllepse de sens : J’suis dans un état proch’ de l’Ohio… (Serge Gainsbourg) / état au sens politique pour état d'âme.

Le calembour est une figure elliptique, le mot détourné étant implicite et donc donné à entendre. Ainsi on reconnaîtra derrière Woerth verte, derrière Pàl pâle, derrière Minc mains, derrière Guéant Néant, et derrière Soudan soudain.

Et j'en viens à ce qui m'intéresse : si l'utilisation de noms communs permet de jouer sur les sens, quid des noms propres qui n'ont pas de signification propre ? Pour les exemples glanés dans Le Canard Enchaîné cette semaine, une partie s'avère n'être que de bons mots (Woerth, Minc, Soudan). Dans les deux autres, le terme implicite affecte le nom propre. Ainsi, pâle, parce qu'il est un adjectif qualificatif, en vient à affecter le nom Pál. Et en rapprochant Néant de Guéant, ce dernier reçoit une connotation péjorative. En ce sens, le calembour peut aussi prendre place dans le registre satirique.

[A finir : sur l'ellipse et les éléments qui permettent de retrouver l'implicite]




Jouer ainsi sur les noms n'est évidemment pas une exclusivité du Canard, on en croise souvent et partout ; comme en titre d'un article de Jean-François Kahn publié hier :
Le fond de l’air est… Onfray

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