Le vendredi 24 avril 2010, Le Figaro.fr publie un article retranscrivant des extraits d'un courrier que Brice Hortefeux, Ministre de l'Intérieur a envoyé à Eric Besson, Ministre de l'Immigration. Le Figaro ayant "eu accès" à ce document, on se basera sur leur retranscription.
Je n'insiste pas sur le contexte d'énonciation qui particularise le discours à travers les instances "je" et "vous" désignant respectivement B.Hortefeux et E.Besson et qui, une fois le courrier rendu public, crée un cadre de scène*, comme au théâtre, puisque nous sommes dès lors témoins de cet échange.
Je n'insiste donc pas et en vient à l'objet principal de cet article : le conditionnel et ses usages (voir ci-dessus les occurrences soulignées avec diligence par mes soins car je sais que vous n'aurez spontanément, chers lecteurs, ni la présence d'esprit ni l'envie de saloper votre écran à coups de stylo). La lettre qui nous occupe présente trois emplois différents du conditionnel :
* Je n'insiste pas et précise toutefois : la lettre en question n'était pas destinée à être diffusée publiquement, il ne s'agit pas d'un discours, allocution, déclaration à la Presse etc. Si l'on ne peut se risquer à parler de mise en scène, car cela supposerait un metteur en scène, on peut prendre acte qu'il y a scène, Le Figaro ayant décidé de traiter l'information en reproduisant les extraits tels quels.
[...] Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a écrit vendredi à son collègue à l'Immigration, Eric Besson. Dans ce courrier, auquel a eu accès Le Figaro, il lui révèle que, selon ses informations, l'époux de cette femme «appartiendrait à la mouvance radicale du Tabligh et vivrait en situation de polygamie, avec quatre femmes dont il aurait eu douze enfants. Au demeurant, chacune de ces femmes bénéficierait de l'allocation de parent isolé.» L'hôte de la place Beauvau poursuit : «J'ajoute, en outre, que ces quatre femmes porteraient le voile intégral.» Et le ministre de conclure : «J'ai demandé au préfet de la Loire-Atlantique de faire, sans délai, toutes les diligences utiles, auprès du parquet et des services sociaux, pour réprimer, le cas échéant, les faits de polygamie et de fraude aux aides sociales qui ont été signalées. Je vous serais très reconnaissant, en outre, de bien vouloir faire étudier les conditions dans lesquelles, si ces faits étaient confirmés, l'intéressé (NDLR : l'époux) pourrait être déchu de la nationalité française».
Sce : Le Figaro.fr
Je n'insiste pas sur le contexte d'énonciation qui particularise le discours à travers les instances "je" et "vous" désignant respectivement B.Hortefeux et E.Besson et qui, une fois le courrier rendu public, crée un cadre de scène*, comme au théâtre, puisque nous sommes dès lors témoins de cet échange.
Je n'insiste donc pas et en vient à l'objet principal de cet article : le conditionnel et ses usages (voir ci-dessus les occurrences soulignées avec diligence par mes soins car je sais que vous n'aurez spontanément, chers lecteurs, ni la présence d'esprit ni l'envie de saloper votre écran à coups de stylo). La lettre qui nous occupe présente trois emplois différents du conditionnel :
- Conditionnel dit "de politesse""Je vous serais très reconnaissant, en outre, de bien vouloir faire étudier..."
Cet usage est très répandu et consiste à atténuer une demande ou un ordre afin de ménager son interlocuteur. Le conditionnel feint d'être soumis à une condition préalable qui traditionnellement s'exprime sous la forme : s'il vous plaît.
- Conditionnel portant sur l'éventualité d'un fait à venir en fonction d'une condition :"Je vous serais très reconnaissant, en outre, de bien vouloir faire étudier les conditions dans lesquelles, si ces faits étaient confirmés, l'intéressé (NDLR : l'époux) pourrait être déchu de la nationalité française".
La potentialité "[pouvoir] être déchu" est soumis à la validation d'une condition : "si les faits étaient confirmés".
- Conditionnel qu'on dira "de précaution"...appartiendrait... vivrait... aurait eu... bénéficierait... porteraient
Ces formes au conditionnel jalonnent le courrier et permettent une mise à distance qui n'engage pas pleinement le locuteur en feignant d'attribuer une valeur hypothétique aux faits énoncés. Ici, les dires de B.Hortefeux sont appuyées sur "ses informations" et il n'y a pas de doute sur la réalité de celles-ci. Il semble que la justification de l'emploi du conditionnel soit liée à une question de légitimité du propos. En effet, parce qu'il est ministre, B. Hortefeux ne peut attester de ce qui n'est pas encore confirmé par une procédure légale. D'où le conditionnel. On retrouve très souvent cette usage du conditionnel dit de précaution ou journalistique sous la plume des journalistes justement.
* Je n'insiste pas et précise toutefois : la lettre en question n'était pas destinée à être diffusée publiquement, il ne s'agit pas d'un discours, allocution, déclaration à la Presse etc. Si l'on ne peut se risquer à parler de mise en scène, car cela supposerait un metteur en scène, on peut prendre acte qu'il y a scène, Le Figaro ayant décidé de traiter l'information en reproduisant les extraits tels quels.
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