Lors d'une convention socialiste, le 29 mai 2010, Martine Aubry a déclaré :
"J'ai un peu l'impression que quand Nicolas Sarkozy nous donne des leçons de maîtrise budgétaire, c'est un peu Monsieur Madoff qui nous administre quelques cours de comptabilité ; et ça ne nous rassure pas, c'est le moins qu'on puisse dire".Martine Aubry crée une assimilation, via le verbe "être", celle-ci est pondérée par la locution adverbiale "un peu" qui limite l'interprétation. L'assimilation est aussi exprimée par une mise en parallèle des constructions syntaxiques :
Nicolas Sarkozy/Monsieur Madoff
nous donne/qui nous administre
des leçons/quelques cours
de maîtrise budgétaire /de comptabilité
nous donne/qui nous administre
des leçons/quelques cours
de maîtrise budgétaire /de comptabilité
Le verbe conjugué "est" met en relation les deux propositions (au sens grammatical : sujet + verbe + compléments) qui formeront les deux termes de la métaphore, métaphorisé pour le premier, métaphorisant pour le second. Reste à déterminer le lien analogique, la valeur commune qui permet de mettre en rapport les deux idées exprimées et celle-ci est... implicite, donc sujette à interprétation ; on dit alors que la métaphore est non-motivée. Partons donc à la recherche du lien analogique et, pour ce faire, essayons de raisonner : comment qualifier "les cours de comptabilité" de B.Madoff ? Plusieurs adjectifs viennent à l'esprit, c'est bien là l'ambiguïté et qui explique les réactions diverses qu'aura suscitées cette phrase. Ainsi, on peut répondre : frauduleux, délictueux, mauvais (au sens juridique et moral), bons (au sens technique) ; et M.Aubry répondra "crédible" dans une interview sur France 2 le 30 mai 2010 (à écouter ci-dessous).
À l'instar de ce qui précède, les polémiques résultant de l'interprétation des propos de tel ou tel et qui émaillent l'actualité sont souvent générées par l'ambiguïté des dits propos, dès que ceux-ci exploitent les implicites, c'est-à-dire, ce qui n'est pas dit mais est laissé à entendre. En matière de comparaison, c'est souvent le fameux lien analogique, dès lors qu'il n'est pas exprimé explicitement, qui suscite des interprétations diverses. Ce phénomène justifie l'adage selon lequel comparaison n'est pas raison, tout dépend de la pertinence du lien qui unit comparant et comparé. À titre d'exemple, la comparaison qui suit est non-motivée, je vous laisse réfléchir à ce que peuvent être les différents liens analogiques et vous verrez alors que le sens de la comparaison peut changer du tout au tout :
Nicolas Sarkozy est comme Napoléon Bonaparte
Nb : "ça ne nous rassure pas" est une litote : dire moins pour suggérer davantage. Ici il faut comprendre : "ça nous inquiète". Notons que l'expression métadiscursive qui suit révèle et souligne la dite litote.
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