C'est 14 juillet, c'est fête nationale, feux d'artifice, bal des pompiers et tutti quanti. Et je décide de me pencher sur ce "rien" que nota Louis XVI sur son journal à la date du 14 juillet 1789.
Par bonheur, Philippe Lejeune, dans l'article "Rien", publié dans Le Bonheur de la littérature, Variations critiques pour Béatrice Didier, P.U.F., 2005, rappelle la méprise souvent propagée quant à l'interprétation de cette toute petite phrase. En premier lieu, le journal de Louis XVI ressemble à un agenda "rétrospectif" et non une chronique des événements du pays, il y note de manière succincte et factuelle ses faits et gestes du jour, une ligne par jour seulement, un mois par page. En second lieu, le journal est mis au propre chaque mois à partir de notes, l'entrée du 14 juillet 1789 a donc été rédigée au mois d'août 1789, reprenant scrupuleusement les notes du mois de juillet. Enfin, le roi n'apprend la Prise de la Bastille que le lendemain matin, le 15.
C'est l'occasion d'aborder deux notions : le contexte et le cotexte. Le contexte est l'environnement extra-linguistique, i.e en dehors du texte, dans lequel se place un énoncé. Le cotexte est l'environnement textuel dans lequel se place un énoncé. Ici on observe un conflit entre le contexte et le cotexte. Il est tentant d'interpréter le "rien" de Louis XIV en fonction du contexte, à savoir les événements se déroulant à Paris le 14 juillet 1789, mais, puisque ces faits sont ignorés du diariste, on ne peut y déterminer une quelconque réaction aux dits événements. Quand on analyse le cotexte, ce que fait Ph.Lejeune, on s'aperçoit que les éléments que mentionne habituellement Louis XVI ont trait à ses déplacements, ses décisions, ses parties de chasse etc... "Rien" doit être interprété en fonction de cela et cette mention très récurrente tout au long du journal ne fait que noter l'absence d'activités marquantes dans l'agenda du jour de Louis XVI. Ainsi, le 14 juillet 1789, il n'a rien fait de particulier.
S'il existe bel et bien un décalage entre le "rien" du journal de Louis XVI et notre chère Prise de la Bastille, celui-ci est une résonance mais sans raison, une coïncidence qu'on appellera au mieux l'ironie du sort.
Nb : Je ne saurai trop vous conseiller la lecture de l'article de Philippe Lejeune, publié sur son site autopacte.org, car il est très riche d'enseignement.
Mardi 7 : Chasse du cerf à Port-Royal, pris deux.
Mercredi 8 : Rien.
Jeudi 9 : Rien. Députation des États.
Vendredi 10 : Rien. Réponse à la députation des États.
Samedi 11 : Rien. Départ de M. Necker.
Dimanche 12 : Vêpres et Salut. Départ de MM de Montmorin, Saint-Priest et la Luzerne
Lundi 13 : Rien.
Mardi 14 : Rien.
Mercredi 15 : Séance à la salle des États et retour à pied.
Jeudi 16 : Rien.
Vendredi 17 : Voyage à Paris et à l’Hôtel de Ville.
Samedi 18 : Rien.
Dimanche 19 : Vêpres et salut. Retraite de MM. De Montmorin et Saint-Priest.
Lundi 20 : Promenade à cheval et à pied dans le petit parc, tué dix pièces.
Mardi 21 : Rien. Retraite de M. de la Luzerne. Le cerf chassait au Butard.
Extrait de la retranscription du journal de Louis XVI, du 7 au 21 juillet 1789.
Par bonheur, Philippe Lejeune, dans l'article "Rien", publié dans Le Bonheur de la littérature, Variations critiques pour Béatrice Didier, P.U.F., 2005, rappelle la méprise souvent propagée quant à l'interprétation de cette toute petite phrase. En premier lieu, le journal de Louis XVI ressemble à un agenda "rétrospectif" et non une chronique des événements du pays, il y note de manière succincte et factuelle ses faits et gestes du jour, une ligne par jour seulement, un mois par page. En second lieu, le journal est mis au propre chaque mois à partir de notes, l'entrée du 14 juillet 1789 a donc été rédigée au mois d'août 1789, reprenant scrupuleusement les notes du mois de juillet. Enfin, le roi n'apprend la Prise de la Bastille que le lendemain matin, le 15.
C'est l'occasion d'aborder deux notions : le contexte et le cotexte. Le contexte est l'environnement extra-linguistique, i.e en dehors du texte, dans lequel se place un énoncé. Le cotexte est l'environnement textuel dans lequel se place un énoncé. Ici on observe un conflit entre le contexte et le cotexte. Il est tentant d'interpréter le "rien" de Louis XIV en fonction du contexte, à savoir les événements se déroulant à Paris le 14 juillet 1789, mais, puisque ces faits sont ignorés du diariste, on ne peut y déterminer une quelconque réaction aux dits événements. Quand on analyse le cotexte, ce que fait Ph.Lejeune, on s'aperçoit que les éléments que mentionne habituellement Louis XVI ont trait à ses déplacements, ses décisions, ses parties de chasse etc... "Rien" doit être interprété en fonction de cela et cette mention très récurrente tout au long du journal ne fait que noter l'absence d'activités marquantes dans l'agenda du jour de Louis XVI. Ainsi, le 14 juillet 1789, il n'a rien fait de particulier.
S'il existe bel et bien un décalage entre le "rien" du journal de Louis XVI et notre chère Prise de la Bastille, celui-ci est une résonance mais sans raison, une coïncidence qu'on appellera au mieux l'ironie du sort.
Nb : Je ne saurai trop vous conseiller la lecture de l'article de Philippe Lejeune, publié sur son site autopacte.org, car il est très riche d'enseignement.
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